Louis Tremblay, l’Esope chrétien
Aux jours de la moisson la foule des glaneurs
Suit la trace des moissonneurs.
Or, par un jour du mois d’août, deux glaneuses
Matineuses,
Qui suivaient de plus près leurs pas,
Ne voulaient point, ne souffraient pas,
Au lieu de la moisson arrivant les premières,
Que les autres jamais pussent les devancer.
Aussi c’était à qui les pourrait dépasser.
Partant, les coups de poings et de pieds et de pierres
Pleuvaient-ils dru sur celles-là
Qui, méprisant leur droit de préséance,
Sur elles deux prenaient l’avance.
Donc celles-ci, comme on le pense,
Ne s’occupaient vraiment plus qu’à cela…
Aussi, quand vint le soir, lorsque, chargés de gerbes
Volumineuses et superbes,
Sous ces fardeaux
Les bras ployaient comme les dos,
Nos deux championnes avides
S’en revinrent, hélas ! les mains à peu près vides.
— A nous cet apologue, à nous ! A nous,
Français, de nos droits si jaloux,
Et surtout si féconds en disputes écrites ;
Nous qui perdons à défendre nos droits
Et le fruit des devoirs et le temps à la fois
Donné pour gagner des mérites.
“Les deux Glaneuses”
L’homme a plus de devoirs à accomplir que de droits à réclamer.
(Pierre-Simon Ballanche, est un écrivain et philosophe français…)
Faisons le bien pendant que nous en avons le temps»
Saint Paul, Gal., VI, 8.