Deux limaçons, certain jour,
Chacun se vantant fort de courir le plus vite,
Se firent un défi : pour témoins on invite
Les oisillons d’alentour.
Aussitôt la gent ailée,
Quittant pour un moment arbres, toits ou buissons,
S’en vient, tout d’une volée,
Pour juger le pari de nos deux limaçons.
Le signal est donné : chacun est dans l’attente ;
Ainsi qu’aux courses d’Atalante
Etaient les héros grecs dans le stade accourus.
Il faut les voir ramper, se couvrir de poussière,
Et, bientôt n’en pouvant plus,
S’arrêter presque ensemble au tiers de la carrière.
Ah ! que d’efforts superflus !
Leur cria gente hirondelle :
Rampez, le sort le veut ; il veut qu’à l’avenir
Cette leçon vous rappelle
Qu’on doit savoir marcher avant que de courir.
“Les deux Limaçons”
- Jean-Auguste Boyer-Nioche, 1788-1859