Un bon père moucheron ,
Vieux au moins d’une semaine,
A son fils naissant à peine.
Fit un jour cette leçon :
« Garde-toi de l’hirondelle
Qui nous poursuit sans repos.
D’Arachné, non moins cruelle,
Evite bien les réseaux.
N’approche jamais des eaux
Où la carpe en sentinelle
Nous guette dans les roseaux. »
A ces mots on se sépare,
Le père bien convaincu
D’avoir tout dit, tout prévu
Pour que son fils ne s’égare.
Et le fils ayant promis,
En garçon prudent et sage.
De ne se mettre en voyage
Que lorsque ses ennemis
Seraient tous bien endormis.
A peine la nuit vint-elle,
Que le jeune moucheron
Prit l’essor, et fut, dit-on,
Se brûler à la chandelle.
“Les deux Moucherons”