Deux jeunes serpenteaux, exubérants et sots,
Jouaient, à qui mieux mieux, sur les bords d’un ruisseau.
Ils s’épiaient, rageurs, en leurs ébats ludiques,
D’un regard où brillaient des lueurs sataniques
Et quand ils s’étreignaient, pendant leurs reptations,
Leur amitié semblait s’entacher d’aversion.
L’aîné mord son cadet, malgré son air bonasse,
Et de par ce baiser, tout de feu et de glace,
Injecte au malheureux le fiel de son venin
Qui agit, sur-le-champ, et en un tournemain.
Le vaincu pantelant, par le dard affligé,
Sent la mort accourir et au sol le figer,
Il ne veut payer seul cette rixe fatale,
Et frappe l’agresseur de sa pique létale.
Leur mortelle étreinte se desserre aussitôt :
Voilà comment finirent nos deux serpenteaux.
Sachons évaluer les jeux dits innocents
Nous éviterons bien souvent des accidents.
“Les deux serpenteaux”