Un jour chez sa voisine,
Une dame, en visite allait.
La robe qu’elle étalait,
Était en beau damas, garni de zibeline.
Tout était à l’avenant,
Sa mise était vraiment princière.
Aussi, comme elle était fière,
Comme elle allait se pavanant !
— « Excusez-moi, si je viens si mal mis.
» C’est ma toilette du matin :
» Je sors pour aller à l’église
» Et j’entre sans façon, pour vous serrer la main.
» Je ne mets plus que de la soie,
» C’est bien plus comme il faut.
» Pourquoi m’en priverais-je au prix que cela vaut ?
» Et me mettre à mon goût, c’est mon bonheur, ma joie. »
— « Mais vous gagnez donc bien ?
Dit l’autre qui portait volontiers de la laine.
« — Moi ! mais du tout ; fi ! donc ! je ne fais rien.
» Je sors, je me promène.
— « Ah ! je comprends, c’est différent chez nous,
» Mon travail, ma maison, c’est mon bonheur ma joie.
» Je sors bien rarement, je travaille pour tous,
» Aussi je n’ai qu’une robe de soie. »
“Les deux Toilettes”