Nicolas Le Deist de Kérivalant
Littérateur, poète et fabuliste XVIIIº – Les deux voyageurs
„ Nul n’est, dit-on, prophète en son pays…
Avec fierté répétant cet adage,
Deux insectes des plus petits
Se mirent un jour en voyage.
„ Courons ! le monde est assez grand ,
„ Disaient-ils ; à quoi bon languir dans la misère,
„ En horreur aux humains, vils rebuts de la terre ,
„ Exposés à périr sous les pieds du passant ?,,
De feuille en feuille se glissant,
Bientôt de leur patrie ils gagnent la frontière.
En huit jours, les voilà dans un désert affreux,
Où végétait sur la bruyère
Un essaim d’animaux encore plus malheureux.
„ Bornons ici notre carrière !
„ Dit l’un des deux ambitieux ;
„ Nous régnerons en paix sur la peuplade entière,
„ Qui croira voir en nous ses maîtres et ses dieux.
,, Qu’il est de gens qui gagnent aux voyages !
Chez des étrangers ignorants,
Que d’imbéciles personnages
Ne voit-on pas s’ériger en savants !
De Kérivalant