Nicolas Le Deist de Kérivalant
Littérateur, poète et fabuliste XVIIIº
Nicolas Le Deist de Kérivalant littérateur, poète et fabuliste, naquit le 25 février 1750 à Nantes et mourut le 15 octobre 1815.
FABLES
Épigramme à un ami
Oui, tu m’écris toujours que tu veux être à moi ;
Mais dis-moi donc comment cela pourrait-il être ?
Vous faites deux moitiés, ta chère épouse et toi ;
Quelle serait ma part ? réponds de bonne foi ;
Pour s’offrir à quelqu’un , il faut être son maître,
Et dès qu’on a pris femme, on n’est plus guère à soi.
De Kérivalant
De Kérivalant
Nicolas Le Deist de Kérivalant littérateur, naquit le 25 février 1750 à Nantes, d’une famille honorable. Après avoir achevé ses études de collège avec succès, il fit son cours de droit et fut reçu avocat au parlement. Quelques années après il acquit une charge de maître des comptes à la chambre de Bretagne, et dès lors consacra ses loisirs à la culture des lettres. La révolution le priva de sa place, sans attaquer sa fortune ; et il put continuer de chercher dans l’étude des consolations. Il s’était perfectionné dans le latin par la lecture des meilleurs auteurs ; il apprit encore l’italien, l’anglais, et se rendit familier les chefs-d’œuvre écrits dans ces deux langues. A l’âge de près de cinquante ans, nouveau Françaleu, comme il le disait plaisamment lui-même , Kérivalant s’essaya dans l’art des vers. Des imitations agréables de la Prière universelle de Pope, de l’élégie de Gray sur un cimetière…
…Encouragé par les suffrages de critiques éclairés, il préparait des travaux plus importants, lorsque des chagrins vinrent empoisonner et abréger son existence. Resté longtemps veuf, il s’était remarié et résidait dans une maison de campagne près de Fontenay-le-Comte (Vendée), avec sa jeune épouse qu’il eut la douleur de perdre ; et, ce qui mit le comble à son affliction, un fils qu’il avait eu de son premier mariage se tua sur le corps de sa belle-mère, pour laquelle il avait conçu une passion frénétique. Kérivalant, désespéré , vendit sa propriété et acheta, dans les environs de Nantes, la terre de la Verdière, où de nouvelles calamités l’attendaient. Au mois d’août 1815, lors de l’invasion de la France, des troupes prussiennes furent dirigées sur la Loire-inférieure. Zélé royaliste, Kérivalant reçut ces étrangers comme des libérateurs et en logea un grand nombre chez lui ; mais peu sensibles à cette hospitalité , les Prussiens devinrent plus exigeants, et ils finirent par tout briser : les domestiques furent maltraités, les femmes se sauvèrent ; et Kérivalant lui-même se cacha dans un grenier. Il survécut peu à l’émotion qu’il avait éprouvée, et mourut le 15 octobre 1815. Biographie universelle – Michaud – tome 21, Paris, chez Mme C. Desplaces, 1858.