André-Clément-Victorin Bressier
Tels qu’une poussière animée,
D’imperceptibles moucherons
Bourdonnent au printemps autour des verts buissons.
L’aile d’un roitelet en disperse une armée ;
A leurs plus nombreux bataillons
Une feuille sert de refuge ;
Les zéphyrs sont pour eux de fougueux aquilons,
Et la rosée est un déluge.
Aucun ne voit plus d’un matin,
Et le Nestor du jour naquit avec l’aurore :
Tous ont terminé leur destin,
De son dernier rayon quand le soleil colore
Le sommet de la tour ou le clocher lointain.
Sur l’horizon de la Fortune
Dès qu’un astre paraît, on voit au même instant
De flatteurs empressés une foule importune
Saluer son avènement.
Tant qu’il brille sur l’hémisphère,
Ces atomes vont bourdonnant ;
Mais on les voit toujours, pareils à l’éphémère,
Disparaître au soleil couchant.
“Les Éphémères”