Trois loups convoitaient un troupeau,
Un vieux, et deux de moyen âge,
Mais gloutons tous les trois on ne peut davantage.
De moutons revêtant la peau,
Grâce à cette supercherie,
Ils entrent dans la bergerie.
Alors le plus renard des trois,
D’un mouton imitant la voix
Et tremblotante et monotone :
— Frères, dit-il, notre race moutonne
Est en vérité par trop bonne :
Nous n’allons, ne venons et nous ne faisons rien
Que sous la conduite d’un chien,
Qui, sans se connaître en herbage
Dont il ne fait aucun usage,
Nous choisit notre pâturage.
Et malgré nous nous y retient
Dans ses cercles de va et vient.
Brisons , frères. cet esclavage,
Soyons libres enfin ; partons. —
— Partons, partons, — répètent les moutons.
Ils partent, faisant mille bonds.
Dans la forêt ils se retirent.
Où leurs faux frères les déchirent.
Chez les hommes aussi combien du faux moutons!
« Les faux Moutons »
Jean Héré, 1796- 1865