Nicolas François de Neufchâteau
Le comte de Grignan conduisait à l’autel
La jeune Sévigné, des grâces le modèle;
Il fallut, avant tout, à cet heureux mortel
Compter des monceaux d’or pour qu’il se chargeât d’elle.
Sa mère, si célèbre et si spirituelle,
Se permit alors un bon mot,
Que, malgré soi, l’on se rappelle
Quand il faut stipuler et payer une dot.
D’Armide, en même temps, l’auteur avait cinq filles,
Toutes fraîches, toutes gentilles,
Toutes cinq à pourvoir. Il en désespéra:
C’était le plus fâcheux de tous ses opéra.
Lui-même nous l’a dit. Mais si dans les familles
Il en coûte si cher pour qu’un objet charmant
Trouve son établissement,
Qu’est-ce donc quand on a cinquante Danaïdes?..
Hélas ! nos passions sont à doter aussi :
Or, elles sont sans nombre, et beaucoup plus avides.
Avec elles bientôt les coffres-forts sont vides,
Et les cœurs remplis de souci.
“Les Filles à marier”