A mon Fils.
Le maître d’un jardin, passant entre ses fleurs,
Entendit certaines rumeurs :
C’étaient l’Hortensia, l’œillet, la Violette
(Jusqu’à ce jour pourtant humble et discrète:
Mais que ne peut l’exemple et l’air du temps !)
Qui se plaignaient ! (les imprudents ! )
De quoi? devinez ! De la terre,
De leur nourrice, de leur mère !
La terre n’était pas digne de les porter !
« C’est une horreur, c’est un martyre, »
Disait une Tulipe au stupide sourire.
Un Pissenlit s’écrie : « Il faut se révolter !
L’homme, disait-il, est bizarre,
Il a des vases de Carrare,
De bronze, d’or, et de cristal ;
Il nous laisse au fumier natal !
Sous prétexte que là nous vivons plus heureuses,
Et dans notre élément! ô calomniateur !»
Le maître libéral fait droit à l’orateur,
Vous coupe ces ambitieuses
Et les porte au salon, où dans ses flancs dorés
La porcelaine attend nos émigrés.
Voilà des gens ravis, mais pour un court passage :
Dès le soir languit le feuillage,
Se fanent les fraîches couleurs,
La mort est sur chaque visage
Avec les regrets et les pleurs.
« Comment trouvez-vous ces faveurs ? »
Dit le maître à ces insensées. —
« Que ne nous avez-vous laissées ! »
Répondit une pauvre (leur ;
« Funeste éclat, triste grandeur!
C’est ravissant, mais on en meurt! »
“Les Fleurs et la Terre”
- Ulric Guttinguer, 1787 -1866