Étienne Fumars
Poète et fabuliste XVIIIº – Les Flocons de laine
Pour habiller Hylas son jeune fils,
Certain père de ses brebis
Avait fait enlever la laine.
Ce fut pour le marmot un divertissement
De faire voltiger la toison incertaine
De-ci, de-là, sur les ailes du vent.
Aujourd’hui vingt flocons, et demain tout autant,
Allant, venant, disparaissant,
Amusaient sa folie et préparaient sa peine.
Tout y passa ; plus d’habit pour l’enfant.
Hylas enfin pleura sur son aveuglement.
Le père le gronda ; plainte tardive et vaine.
N’avons-nous pas le même tort,
Dit-il ? Souvent ainsi notre espèce est déçue.
On gaspille le temps dont la vie est tissue ;
On le regrette enfin, mais ce n’est qu’à la mort.
Étienne Fumars, Les Flocons de laine