Air : Aussitôt que la lumière.
Un certain jour les grenouilles,
Après mille coi, coi, coi,
Se prosternent, s’agenouillent,
Priant pour avoir un roi.
Faut-il qu’un peuple soit bête,
Quand il peut se passer d’ ça,
D’aller se rompre la tète,
Pour dépenser plus qu’il n’a!
Le dieu Jupin est bon diable;
Il lui vint donc au cerveau
D’envoyer au préalable
A ce peuple un soliveau.
Le roi fit du bruit dans l’onde;
Le peuple s’en agita,
Puis, comm’ d’autres en ce monde,
Le bon prince en resta là.
Le peuple, bon camarade,
Bientôt l’aborde en chemin.
Et plus tard il se hasarde
Jusqu’à lui donner la main.
Le roi ne dit rien encore,
Car ce brav’ n’était pas fier,
Et faisait voir dès l’aurore
A sa majesté l’ grand air.
Aussitôt a la tribune
Sautent tous les députés,
En discours pleins d’amertume
Ils traitent la royauté:
Jupiter, c’est donc pour rire,
Ce roi, par vous envoyé,
Ne fait rien, ne sait rien dire.
Faudra-t-il donc le payer ?
Jupiter rit dans sa barbe
En voyant tout cet éclat,
Puis va dans le corps-de-garde
Choisir un grand potentat;
Lancé dans le marécage
Il y fait un tel gâchis,
Qu’il met les uns en potage
Et fes autres en salmis.
MORALE.
On connaît ce qu’on possède,
On n’ sait pas ce qu’on aura;
Pour guérir on prend un r’mède,
Le remède vous tuera ;
On est mécontent d’ sa femme,
On la chang’ ; cell’ qui viendra,
Vous fera damner votre âme
Et l’autre s’en réjouira.
Pluchonneau de Rochefor et H. Mait.( ?) Les Grenouilles qui demandent un Roi, chanson.