Marie-Nicolas-Silvestre Guillon
Théologien, prêtre – Analyses – Les Grenouilles qui demandent un roi
Les Grenouilles qui demandent un roi, commentaires de MNS Guillon – 1803
(1) De l’état Démocratique. Celui ou le peuple gouverne; le même dont Corneille a dit :
Le pire des États est l’État populaire.
(2) Dans les jones , dans les roseaux, etc. Ailleurs on appellerait cette comparaison batologie; ici tout fait image : il n’y a pas jusqu’à l’harmonie imitative de ces vers qui ne fasse en quelque sorte entendre à l’oreille du lecteur le bruit de la fuite précipitée du peuple aquatique.
(3) Elle approcha, mais en tremblant.
Une autre la suivit, une autre en fit autant, etc. La poésie, a dit un ancien, est une peinture parlante; et la peinture, une poésie muette. ( Plutarque, de la manière de lire les Poètes. ) La Fontaine va beaucoup plus loin. La peinture donne la vie, elle ne donne pas le mouvement : elle crée, elle anime ; mais il faut encore suppléer à son action ; elle ne rend point la progression des faits. Sous le burin de l’artiste, les Grenouilles se sont avancées, ou bien vont s’avancer : ici elles avancent, elles sont en marche.
(4) Et se tient toujours coi, tranquille. On en a-fait un adjectif. Le silence coy, a dit Ph. Desportes. Et Rabelais : « ne peut l’homme recevoir divinité, sinon que la partie qui en luy plus est divine, soit coye, tranquille ». ( T. III. p. 70. )
(5) Le Monarque des Dieux leur envoie une Grue. Ovide fait représenter à Minerve l’histoire de Pygas, roi des Pygmiées, que Junon, pour le punir de sa présomption, changea en Grue, afin qu’elle fit elle-même une guerre impitoyable à son peuple. Les Dieux de la mythologie n’étaient pas les meilleures gens du monde. Il est très-simple de désirer un autre roi qu’un Soliveau , et très-naturel de n’aimer pas une Grue qui vous croque.