Gabriel de la Concepción Valdés
Orphelin au sortir du nid,
Sans plumes, encor tout petit,
Un oisillon tombé de l’aire
Piaulait tristement, implorant du secours
Afin de regagner le toit héréditaire.
Tous les voisins se montraient sourds;
Ils insultaient à sa misère,
Ne répondant à sa prière
Que par un sourire moqueur.
Hais quand l’oiseau plus tard eut ses plumes poussées,
Quand au plus haut des airs ses ailes balancées
Jusque vers le soleil le portèrent vainqueur,
Dans l’oisillon chétif on reconnut un aigle.
Alors on vit, suivant la règle,
Tous les insulteurs d’autrefois,
Modifiant gestes et voix,
Se prosterner avec bassesse
Aux pieds de la nouvelle Altesse.
Pareils à ces oiseaux, que de lâches flatteurs
Sont du faible ennemis, des grands adulateurs !
“Les Hommes et les Oiseaux”