“Les Lièvres et les Grenouilles” – Les lièvres s’étant un jour assemblés se désolaient entre eux d’avoir une vie si précaire et pleine de crainte : n’étaient-ils pas en effet la proie des hommes, des chiens, des aigles et de bien d’autres animaux ? Il valait donc mieux périr une bonne fois que de vivre dans la terreur. Cette résolution prise, ils s’élancent en même temps vers l’étang, pour s’y jeter et s’y noyer. Mais les grenouilles, accroupies autour de l’étang, n’eurent pas plus tôt perçu le bruit de leur course qu’elles sautèrent dans l’eau. Alors un des lièvres, qui paraissait être plus fin que les autres, dit : « Arrêtez, camarades ; ne vous faites pas de mal ; car, vous venez de le voir, il y a des animaux plus peureux encore que nous. » Cette fable montre que les malheureux se consolent en voyant des gens plus malheureux qu’eux.
Autre version
“Les Lièvres et les Grenouille “ – Les lièvres s’étant un jour assemblés se désolaient entre eux d’avoir une vie si précaire et pleine de crainte : n’étaient-ils pas en effet la proie des hommes, des chiens, des aigles et de bien d’autres animaux ? Il valait donc mieux périr une bonne fois que de vivre dans la terreur. Cette résolution prise, ils s’élancent en même temps vers l’étang, pour s’y jeter et s’y noyer. Mais les grenouilles, accroupies autour de l’étang, n’eurent pas plus tôt perçu le bruit de leur course qu’elles sautèrent dans l’eau. Alors un des lièvres, qui paraissait être plus fin que les autres, dit : « Arrêtez, camarades ; ne vous faites pas de mal ; car, vous venez de le voir, il y a des animaux plus peureux encore que nous. »
Cette fable montre que les malheureux se consolent en voyant des gens plus malheureux qu’eux.
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Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
L’Assemblée des Lièvres
L’homme vint un jour avec ses chiens s’établir dans le pays qu’habitoient les lièvres. Ceux-ci, depuis ce moment-là toujours tourmentés, toujours inquiets, résolurent enfin d’aller vivre ailleurs, et ils convoquèrent à ce dessein une assemblée générale. Les plus vieux et les plus sages opinèrent à rester : ils avoient de la peine à quitter cette terre où avoient vécu leurs pères, et où eux-mêmes étoient nés; mais on n’écouta point leurs représentations, les clabaudeurs l’emportèrent, et toute la troupe partit. Dans leur route ils passèrent près d’un marais dont les bords étoient couverts de grenouilles. Elles étoient sorties pour respirer l’air et jouir du soleil. Au bruit que font les lièvres en passant, elles s’effraient, et toutes en foule se précipitent dans les eaux. Un des lièvres s’arrête alors: « Frères, dit-il à la colonie fugitive, nous avons eu tort de quitter notre terre natale. Retournons, croyez-moi, je vois que par tous les pays on craint et que partout on a lieu de craindre. » On le crut et l’on retourna.
On pourrait adresser le même discours à tous ces gens qui, mécontents de leur patrie et du gouvernement sous lequel ils vivent, veulent le quitter, dans l’espérance de rencontrer mieux ailleurs. Hélas! ils ont beau chercher, ils ne trouveront nulle part de contrée qui soit sans inquiétude, sans travail et sans douleur.
- Marie de France – (1160 – 1210)
(Fabliaux ou contes, fables et romans du XIIe et du XIIIe siècle –
Par Pierre-Jean-Baptiste Le Grand d’Aussy 1829.)
Le Lièvre et les Grenouilles
Saisis d’une frayeur qui leur causait la fièvre,
Les lièvres se jetant dans une mare tous,
Aux grenouilles font peur ; Courage, dit un lièvre,
Il est des animaux plus timides que nous.
Fiers de porter la peur aux bords du marécage,
Les lièvres rassurés se crurent du courage.
D’un plus poltron que soi, qu’un poltron soit vainqueur,
Le Thersite, en tremblant se croit homme de coeur.
- Isaac de Benserade – (1612 – 1691)
Le Lièvre et les Grenouilles
Un Lièvre en son gîte songeait
(Car que faire en un gîte, à moins que l’on ne songe ?) ;
Dans un profond ennui ce Lièvre se plongeait :
Cet animal est triste, et la crainte le ronge.
“Les gens de naturel peureux
Sont, disait-il, bien malheureux.
Ils ne sauraient manger morceau qui leur profite ;
Jamais un plaisir pur ; toujours assauts divers.
Voilà comme je vis : cette crainte maudite
M’empêche de dormir, sinon les yeux ouverts.
Corrigez-vous, dira quelque sage cervelle.
Et la peur se corrige-t-elle ?
Je crois même qu’en bonne foi
Les hommes ont peur comme moi. ”
Ainsi raisonnait notre Lièvre,
Et cependant faisait le guet.
Il était douteux, inquiet :
Un souffle, une ombre, un rien, tout lui donnait la fièvre.
Le mélancolique animal,
En rêvant à cette matière,
Entend un léger bruit : ce lui fut un signal
Pour s’enfuir devers sa tanière.
Il s’en alla passer sur le bord d’un étang.
Grenouilles aussitôt de sauter dans les ondes ;
Grenouilles de rentrer en leurs grottes profondes.
“Oh! dit-il, j’en fais faire autant
Qu’on m’en fait faire ! Ma présence
Effraie aussi les gens ! je mets l’alarme au camp !
Et d’où me vient cette vaillance ?
Comment ? Des animaux qui tremblent devant moi !
Je suis donc un foudre de guerre !
Il n’est, je le vois bien, si poltron sur la terre
Qui ne puisse trouver un plus poltron que soi. ”
- Jean de la Fontaine – (1621 – 1695)