Guy le Ray
Poète et fabuliste contemporain – Les Pies et le Chat
A la cime d’un arbre, trônait un nid de pies.
Tout était calme, les pies dorlotaient leurs petits.
Ce fut soudain la tempête, des cris, des cris !
L’arrivée silencieuse d’un ennemi
Avait provoqué la colère des dames pies.
C’était un chat en quête de menu fretin,
Chassant dans un arbre voisin !
Caquètements, vols menaçants, tout était bon
Pour faire déguerpir ce fanfaron.
Devant ce déferlement frénétique,
Le chat se voulut pratique.
Il se cacha et ne bougea plus
Au milieu des branches feuillues,
Attendant que ce violent orage
Eut enfin quitter le feuillage.
Ce ne fut qu’après un long temps
Qu’il se décida à descendre à pas lents.
Au pied de l’arbre, envahi de bonheur,
Il se dit qu’il venait d’échapper au malheur
Et, tout à la joie de la terre retrouvée,
Se mit à griffer avec volupté
Le tronc qui l’avait hébergé.
Alors, ce fut à nouveau la tempête,
Car les pies vigilantes
N’avaient cessé leur surveillance
Et tournoyaient comme des furies,
Criant, comme prises de folie !
Le chat, revenu à la réalité,
D’un bond prodigieux quitta les lieux,
Courant à n’en plus finir,
Pour échapper à la tornade venue des cieux.
Quelle morale tirer de cette fable ?
Il en est une qui s’y pourrait appliquer :
Quiconque vient d’échapper à un danger
Doit se garder d’aussitôt l’oublier !
Guy le Ray