Denis Charles Henri Gauldrée-Boileau
En dépit des rhéteurs, le bonhomme Hérodote
Est comme tous les gens vieux :
Parfois il sommeille et radote ;
Mais aussi quelquefois il est judicieux.
C’est lui qui nous parle des Psylles,
Qui nous apprend que ce peuple africain,
Charmant et mangeant les reptiles,
Se jouait avec eux sans craindre leur venin.
Les Psylles habitaient une aride contrée
Que le soleil dévorait de ses feux :
Frère brûlant du froid Borée,
Notus souffla si fort sur leur plaine altérée,
Qu’il mit au désespoir ces peuples malheureux.
Pour étancher leur soif, plus d’onde salutaire ;
Ainsi que le ruisseau, le fleuve s’est tari.
Cessant de voir un dieu dans le vent du midi,
Dans leur vengeance téméraire
Ils marchèrent en corps contre un tel ennemi.
Ils espéraient le forcer par la guerre
A leur restituer les eaux
Dont il avait privé leur terre ;
Mais est-ce par un mal qu’on prévient d’autres maux ?
Le dieu voit s’avancer leur armée innombrable ;
Des flancs du sud s’échappant furieux,
Il l’atteint, la renverse; et, tourbillon fougueux,
L’ensevelit sous des monceaux de sable.
Le mortel aux arrêts du sort
Ne doit point opposer un front trop indocile :
Tel croit en se vengeant échapper à la mort,
Qui tombe sous ses coups, comme tomba le Psylle.
“Les Psylles et le Vent du midi”