Que l’homme ne sait encre, hélas ! ce qu’il demande .
La Fontaine
U n jour les singes se plaignaient
Au dieu qui lance le tonnerre,
De ce que les hommes tenaient,
Eux seuls, le sceptre de la terre.
N’avons-nous pas des mains pour le tenir?
Disaient-ils , avec assurance :
De l’adresse, du souvenir,
Et des dents pour notre défense ? —
Et bien ! leur dit Jupin, j’accorde à l’un de vous
La puissance et les droits dont vous êtes jaloux :
Dans le Mogol je lui donne un royaume ,
A l’instar de celui de Rome ;
Il sera roi des Sapajoux,
Et des Orangs-Outangs, et des Ouenderoux ;
Choisissez-le parmi vous tous,
Et que le plus sage ail la pomme. —
Chacun alors de crier : je me nomme.
Le dieu mit d’accord tous ces foux
En conservant l’empire à l’homme.
Laissons Faire les dieux , ils savent mieux que nous
Ce qui convient à Jean, ce qu’il faut à Guillaume.
“Les Singes”
- Antoine Vitallis 1749-1???