Des singes réunis en bande diabolique
Parcouraient autrefois le centre de l’Afrique
Et sans vergogne appauvrissaient
Tous les pays qu’ils traversaient.
Un jour qu’ils étaient sur les terres
De respectables dromadaires
Ces nomades pillards furent très-mal reçus
Par le roi commandant nos paisibles bossus.
« Qui donc, dit-il, m’a bâti cette engeance ?
Vit-on jamais de pareils sacripants ?
Allons, qu’on déguerpisse ; ou, sans nulle indulgence,
Le premier que j’attrape aussitôt je le pends. »
— « Nous pendre ! quelle horreur ! nous des gens politiques ?
Nous au parti régnant toujours très-sympathiques !
Car nous savons acclamer tour à tour
Le Parlement aussi bien que la Cour. »
— « Eh ! que m’importe à moi ! riposta le bon prince,
Que votre avis soit blanc ou noir !
Vous allez au plus tôt sortir de ce manoir.
Si pourtant vous voulez rester dans ma province,
Libre à vous ; mais dans ce cas-là,
Soyez ceci, soyez cela,
Soyez tout ce qu’il vous plaira.
Pourvu que vous fassiez qu’on dise que vous êtes
Du grand parti des gens honnêtes. »
“Les Singes et le Dromadaire”