Un dimanche, au Jardin des Plantes,
La foule visitait différents animaux
Bien enfermés, sous leurs barreaux :
Leurs attitudes donc n’étaient point menaçantes
Plusieurs des assistants les ayant insultés,
En les nommant bêtes féroces ;
» Pourquoi ces paroles atroces ?
Dirent les lions irrités;
Il vous sied bien de parler de la sorte,
Vous qui vous entretuez tous,
Et dont le canon, jusqu’à nous,
Si souvent nous apporte,
Avec grandes frayeurs,
Le bruit de vos fureurs.
Si nous tuons, nous, c’est pour vivre;
Mais vous, vous ne faites que suivre
Vos passions et non l’instinct :
Vous êtes tels que l’on nous peint.
Les Romains appelaient barbares
Des peuples francs et valeureux;
A notre égard, vous faites tout comme eux ;
Vos crimes ne sont pas moins rares !»
Ils pouvaient dire plus, mais ce discours suffit.
Et, nous, de la leçon faisons notre profit.
“Les visiteurs du jardin des plantes”