Un jour, deux honnêtes Normands ,
De cidre d’Isigny marchands
Et fabricants ,
Voyageaient par la canicule.
On le sait, au mois d’oût rarement l’air circule.
Un platane était là par bonheur pour nos gens.
Le platane offre beaucoup d’ombre :
Bientôt sous son feuillage sombre,
Ils s’en vont respirer le frais.
Levant les yeux , l’un dit :
« Que ne suis-je ton maître ?
« D’abord je te fais disparaître :
« Arbre sans fruits doit vivre au milieu des forets. »
Le platane répond : Dieu ! quelle ingratitude !
« Eh! quoi donc, de m’injurier
« Tu voudrais te faire une étude !
« Quitte mon toit hospitalier. »
Manquera la reconnaissance,
Pour l’homme n’est souvent qu’un jeu :
Le trafiquant estime peu
Le mérite sans opulence.
“Les Voyageurs et le Platane”