Daniel Allemand
Fabuliste contemporain – L’escargot et les chats
Ils étaient deux chats roux
L’un quelque peu grigou
L’autre plutôt débile
Ce qui faisait d’un coup
Deux vraies cibles faciles
Pour le premier cacou
Venu, par un hasard subtil.
Le roux du diable avec la ruse du renard
Pour le plus gros des deux chats à l’air supérieur ;
Celui de la furie pour un chasseur ignare
Qui traquant souris d’intérieur
Dans la cheminée avait pris la suie.
Il se présenta donc comme étant l’envoyé
Celui que l’on attend et celui que l’on suit ;
Le beau gastéropode entendait soudoyer
Par ses bonnes paroles les filous félins
Et de bave déposa ses félons filins ;
Ainsi le malin escargot
Débita de son cru à tire larigot
Que de ses marches verticales
Il glissait vers l’astral
Au paradis des chats.
Qu’il rampait de lente paresse
Pour tendre à la sagesse
Pure ; en donnant sa langue aux chats.
Autant d’énormités
Sur le chat fragile et peureux
Que pour le gros bien plus heureux,
Qui prirent ses banalités
Pour talent de grand orateur
Sans en voir le bonimenteur.
« En vous trop de folie ! Pour vous trop de sottise !
Tous les chats malpolis, ne font que des bêtises
Il est temps de courir moins vite
Sans poursuivre le vent
Il vous faut absorber pâtées qui vous profitent
Pour être survivant
Au moins pour votre apôtre ! »
Que voulez-vous de ça ! Voilà que l’on se vautre !
« Qu’ai-je à voir au couillon ? » osa le gros.
« Tu es gras, veule et surfait » émit l’outragé
Les minets, griffes dehors, firent le gros dos
Et devinrent enragés.
De sa lancinante diatribe
Notre colimaçon en tirait l’essentiel
Il les avait fait battre en quelques bribes
Par instillation de paroles démentielles.
Un mot, un blâme, un rien, tout ce qui flatte attire
N’est pas malade qui expire
Un péché mortel de paresse
Avec fine délicatesse
Pour prêcher le désordre
Afin que de se tordre.
Grâce à son pied musclé
Il rejoindrait la lune
Les chats qui renâclaient
Ne trouveraient fortune.
Et libre de penser à tort et à travers
Il glissa sans savoir où, dans son univers
Au gré des vents et de la pluie ;
Danger vient de ceux qui en font le moins
Ce ne sont pas les taiseux qui ennuient
Mais ceux qui parlent plus en étant des chafouins !
Ne sois pas vain, ni beau parleur, ni marabout
C’est là le paradis des fous.
Daniel Allemand
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