D’une voiture de roulage,
L’essieu criait et ses cris incessants
Agaçaient les nerfs des passants ;
Et tous les chiens du voisinage
Répondaient par des cris encor plus agaçants.
Vous savez bien que c’est l’usage
Des animaux jappants et même des parlants.
Un charron, dont la route effleurait la boutique,
Et qu’ennuyait cette musique.
Prit un pot de vieux oing, arrêta le routier,
Graissa l’essieu qui faisait ce tapage ;
Et l’essieu, cessant de crier.
Poursuivit en paix son voyage.
Que de criards devant moi sont passés,
Qu’un peu de graisse aurait fait taire!
Mais le pays n’en produit point assez ;
Et la paix y serait trop chère.
“L’Essieu mal graissé”
- Jean-Pons-Guillaume Viennet 1777 – 1868