Fleury Flouch
Un jeune lauréat, glaneur de rhétorique,
Sorti vainqueur d’un examen
Où l’avait torturé le club académique,
Assisté d’un grave doyen,
Venait de conquérir le diplôme authentique
D’un triomphe classique :
Titre qu’un sot peut s’arroger souvent,
(Car on a tout avec l’argent),-
Et qui n’est pas héréditaire,
Malgré le sceau du ministère,
Mais qui, du moins, dispense un ignorant
Des soins pénibles de l’étude.
Et pourquoi fatiguer, dans ce métier si rude,
Son esprit qu’il pourrait user en le tendant ?
Le parchemin, pour lui, n’est-il donc pas savant ?
Mais je reviens à ce jeune homme,
Interprète sacré de la Grèce et de Rome.
Un jour, devant un vieux docteur,
Lisant l’histoire d’un naufrage,
Mon bachelier s’arrête au milieu de la page :
« Je voudrais voir, dit-il, cette mer en fureur ».
« Jeune homme, répliqua le sage,
» Changez les noms, et voyez devant vous
» Se briser ces flots en courroux ;
» Le monde à notre esprit sans cesse les rappelle :
» La tourmente est continuelle ».
Ne décourageons pas le jeune bachelier
Qui du manteau de la philosophie
Ose draper son buste d’écolier.
En cultivant le jardin de la vie,
Sans doute il a besoin de plus d’une leçon :
Qu’il travaille et qu’il étudie
A l’école de la raison ;
Et plus tard il pourra, comme un autre Solon,
Posséder le bouquin parfumé de science,
Que des mains du temps seul reçoit l’expérience.
Fleury Flouch