Un homme chaque jour conduisait des pourceaux
Dans un bois où la truffe existe en abondance.
Alléchés par l’odeur, ces pauvres animaux
S’arrêtaient quelquefois, et puis, de leurs museaux
Éparpillant la terre, indiquaient la présence
Du mets cher aux gourmands. L’homme alors accourait,
Puis à coups de bâton soudain il les chassait,
Afin de profiter tout seul de leur trouvaille.
En vérité, je vous le dis,
Le bien est rarement pour celui qui travaille :
L’ouvrier diligent se nourrit de pain bis,
Quand son maître jouit des mets les plus exquis ;
Aux pauvres, pour coucher, une botte de paille ;
Aux riches oublieux le luxe des bons lits.
Plaignez-vous donc, pour qu’on vous raille!
En vérité, je vous le dis,
Les gros vivront longtemps aux dépens des petits.
Hélas! depuis Virgile, en quelque lieu qu’on aille,
On retrouve toujours le sic vos, non vobis.
“L’Homme et les Pourceaux”