Vicomte de La Boulaye
Homme politique, poète et fabuliste XVIIIº – L’homme et l’oiseau
Nous voyons dans les jours d’orage,
L’oiseau par instinct aguerri,
Venir demander un abri
A quelqu’arbre du voisinage.
Là, si faible soit-il, sur la branche perché,
Plus l’aquilon souffle et fait rage,
Et plus il s’y tient attaché !
Il s’y cramponne, et la tempête
Éclate et passe sur sa tête
Sans avoir pu l’en détacher.
Ainsi, sans bien loin le chercher,
En est-il pour nous de la vie
Souvent d’amertume suivie !
Car au temps de l’adversité,
Il n’est disgrâce, infirmité,
Qui nous en lasse et nous dégoûte.
Un instinct inconnu nous soutient sur la route.
Si malheureux que nous soyons,
Personne ne renonce à ses illusions,
L’espoir de jours meilleurs nous engage à poursuivre.
A les attendre , hélas ! nous bornons tous nos vœux,
Et ce sont les plus malheureux
Qui bien souvent tiennent le plus à vivre.
Vte. de La Boulaye, L’homme et l’oiseau