( Synonymes français, art. 462. )
L’homme fort peut avoir ses moments de faiblesse,
Ce n’est alors qu’égarement du cœur.
L’homme faible qui l’est et le sera sans cesse,
Sent, souffre, et se reproche à jamais son malheur
La passion, même un élan louable,
Précipitera l’un dans une grande erreur.
De cet état sortant avec honneur,
Il ne sera pas misérable :
La chute et la victoire auront eu leur douceur.
Turenne, déjà vieux, eut la double faiblesse
D’aimer une jeune duchesse,
Et de lui révéler le secret de l’état ;
Mais il sut réparer ce tort avec éclat.
L’homme faible aurait pu se rendre aussi coupable ;
Mais n’eût jamais pu réparer son tort.
Pour son âme, le moindre effort
Est un tourment qui le rend incapable
D’agir avec vigueur. Il serait un benêt
S’il ne sentait son faible. Il le sent ; le pire est
Qu’en gémissant, il voit enfants, femme, valet,
Abuser de son caractère,
Contrarier sa volonté,
Et sa volonté la plus chère,
Sans lui savoir nul gré de ce qu’ils lui font faire.
Du pouvoir qu’on exerce, intimement flatté,
On est très-sensible au contraire
Au faible que pour nous éprouve l’homme fort,
Car c’est pour nous seul qu’il a tort.
“L’Homme fort et l’Homme faible”