Suivant de son pays l’antique préjugé,
Un méchant garnement, dans le Gange plongé,
Croyait de cette eau révérée
Faire une ablution sacrée.
Sur ma loi,
Croyez-moi,
Volatile
Aquatile
Ne se lava jamais mieux
Que ce superstitieux.
Passe certain chameau ; considérant cet homme,
Il s’arrête ; mais quoi ! c’est lui, précisément,
Qui de coups de bâton l’accabla si souvent.
Voilà ce que lui dit notre bête de somme :
Je t’en réponds, pendant dix ans
Tu ferais le même manège.
Ton corps fût-il plus blanc que neige,
Tu perdrais ta peine et ton temps.
Je le sais, tu commis mainte action infâme ;
En vain ici tu viens pour t’en laver ;
Il est, vil ignorant, des souillures de l’âme
Que jamais aucune eau ne saurait enlever.
“L’Indien et le Chameau”
- Jean-Auguste Boyer-Nioche, 1788-1859