Jean François Haumont
Militaire, poète et fabuliste XVIIIº – L’Oiseau et le Destin
A Julie
Qui avait quitté sa retraite, pour passer huit jours chez Chloé,
son amie.
Un jour, l’oiseau le plus charmant
Était sorti de son bocage ;
Il voltigeait si joliment !
Il enchantait par son ramage.
Son très-heureux destin le mena sans effort,
Chez l’aimable Chloé, qui l’aime avec transport.
Je reste huit jours avec vous,
Dit-il en son petit langage :
Ce temps me semblera bien doux,
Puis je retourne à l’ermitage.
— Quoi! huit jours? y pensez-vous bien ?
Huit jours! ah! vraiment, ce n’est guère.
— Il est vrai, ce n’est presque rien ;
Mais c’est tout ce que je peux faire.
Pendant ces jours heureux, s’il formait un désir,
Aussitôt il était couronné du plaisir.
Le bonheur passe comme un songe;
C’est l’illusion du mensonge.
Le charmant oiseau s’envola ;
Dans son désert, bien vite il retourna.
Son départ fit verser des larmes.
Le plaisir n’offrit plus de charmes.
Tout-à-coup parut le Destin ;
Il dit: bannissez le chagrin ;
Faibles mortels, veuillez m’entendre ;
L’ignorez-vous? il faut l’apprendre :
Le globe que vous habités,
N’offre point de félicités
Qui soient parfaites, sans nuage ;
Souvent le plus beau jour finit par un orage.
Jean François Haumont, L’Oiseau et le Destin