Noble et riche ornement, au milieu d’un parterre,
L’oranger déployait et ses fruits et sa fleur.
A ses pieds la simple fougère
De son parfum respirait la douceur,
Quand de sa tige surchargée
Le bel arbuste laisse échapper, un matin,
Une fleur qui reste attachée
Sur la modeste plante. «0 généreux voisin!
Lui dit la fougère attendrie,
«Qui me vaut, de ta part, un don si précieux?»
— «J’ai vu quel attrait, mon amie,
«Ont pour toi les trésors que j’ai reçus des cieux.»
— «Mais je les goûtais inconnue,
«Et maintenant l’œil arrêté
Sur cette fleur à mon front suspendue,
«Et par ta générosité,
«Sans titre sur moi répandue,
«Remarquera ma pauvreté : «Je préférais n’être pas vue.»
“L’Oranger et la Fougère”
* Cette fable, composée et imprimée à Florence en 1808, avait été dédiée A Pignotti, fabuliste toscan fort estimé en Italie, qui avait rendu, le premier, le mnème hommage à M. de Gérando.