Denis Charles Henri Gauldrée-Boileau
Les animaux, sous le vieux roi lion,
Avaient vu l’état monarchique
Troublé par mainte faction :
Son fils, trop jeune encor pour être despotique,
Promit après sa mort un règne pacifique.
On s’agitait, on riait, on dansait ;
Aux bois, aux champs, partout on se réjouissait :
Seul étranger à la commune ivresse,
Un ours en son coin se taisait.
« Pourquoi cet air sournois au sein de l’allégresse ?»
Lui dit un sapajou malin :
« Douteriez-vous de la promesse
« De notre jeune souverain ? »
L’Ours était franc : « Nos disgrâces passées
» Ne sont point encore effacées,
» Reprit-il ; et mon cœur ne peut s’épanouir.
» L’expérience et l’âge ont mûri mes pensées ;
» La promesse du prince a beau vous éblouir ;
« Moi j’attends, pour me réjouir,
» Que les griffes lui soient poussées. »
“L’Ours et et les Animaux “