Eustache Le Noble, écrivain, 1643 – 1711.
Dans ses raisonnemens souvent l’homme s’abuse,
Souvent il prend pour bons des conseils imprudens,
Un jour en aveugle, il refuse,
ce que, mal à propos, il veut en d’autres temps.
Le Pêcheur et les Poissons.
Quand la raison et la nature,
Dans une tète sont d’accord,
L’homme peut aisément par une route sûre
Arriver à bon port.
Le Singe et le Chat.
Il est bon de voir avec qui l’on s’allie.
Le Vautour et le Renard.
… Jamais
L’oison avec profit à l’aigle ne s’allie.
Le Mari et ses deux Femmes.
Qui veut trop s’élever trouve qui le terrasse.
Le Myrte devenu sapin.
On voit, dans le siècle où nous sommes,
Moins de vrais amis que de faux.
La Fourmi et le Ramier.
… Parmi tant d’ingrats quelquefois il s’en trouve
De la pâte qu’il faut pour faire des amis,
Et c’est au besoin qu’on éprouve
S’ils tiennent ce qu’ils ont promis.
La Fourmi et le Ramier.
Tel que pour ami l’on suppose
Montre dans le besoin qu’il ne l’est nullement.
Le Renard et le Buisson.
Qu’on trouve peu d’amis fidèles!
Que peu sont marqués au bon coin!
Combien saignent du nez dans le moindre besoin,
Qui tous les jours vous font cent promesses nouvelles!
Le Sanglier et le Buisson.
… Tout amour est mêlé de caprice.
La Guenon et son Magot.
Tel paraît honnête homme aux yeux
Qui dans le fond est autre chose.
Le Paon et l’Ibis.
O vous qu’avait trompés une fausse apparence,
Dès que vous découvrez un esprit vicieux,
Rompez-en vite avec prudence
Le commerce contagieux.
Le Paon et l’Ibis.
L’homme à bien discerner n’est pas toujours habile,
Et l’apparence le séduit,
Il méprise souvent ce qui serait utile,
Pour s’attacher à ce qui nuit.
Le Cerf qui loue ses bois.
Dans ses désirs l’homme ébloui
Voudrait bien s’élever, s’enrichir et paraître;
Mais il se rend esclave en cherchant de l’appui.
L’Ecuyer et le Cheval.
Souvent une fin honteuse
Attend au dernier pas le superbe arrogant.
Les Rats.
Si l’art et le travail n’aidaient pas la nature,
On verrait fort souvent les champs les plus féconds,
Ne pousser, faute de culture,
Que des ronces et des chardons.
Les Corbeaux et les Aiglons.
Prévenez la funeste attache
Qui tient de jour en jour le cœur plus enchaîné.
Le Lin, les Oiseaux et la Pie.
Fuyez comme un dangereux vice,
Et la fureur prodigue, et la basse avarice,
L’ignorance et le vain orgueil:
Chacun de ces défauts couvre un homme de honte.
Les Rats.
Le prodigue comme l’avare
Abuse de ses biens, et s’en fait de vrais maux.
Le Singe et le Chat.
Le bien pour l’avare est un mal,
Et tôt ou tard enfin, c’est le bien qui le tue.
Les Rats.
- Maximes et morales de Le Noble