Christian Satgé
Fabuliste contemporain – Édito – Telle sera la nature de mon propos
Christian Satgé, Professeur d’Histoire & de Géographie à Poueyferré dans les Hautes-Pyrénées…
Blog de l’auteur : Les rivages du Rimage
– Fables sur ce site
Telle sera la nature de mon propos
La Nature – ses animaux que l’on dit « bêtes » surtout – est au cœur des apologues, échos logiques de nos mondes moins urbains qu’urbanisés et plus policés que polis. Naturel de mon Sud-Ouest natal, si l’on me peint d’après nature, je suis ce qu’on appelle une « nature » en matière de courts récits rimés. Et, grandeur nature, une « bonne nature », même. C’est dans ma nature, quelle que soit la nature de mes difficultés, au point que si vous chassiez le naturel je reviendrais au galop !… Et ce n’est pas du jus de nature ce que je dis là car je ne déguise pas ma nature, moi qui la chante et pas que dans mes fables.
C’est ma nature profonde, humaine diront certains, alors que c’est, tout simplement, dans la nature des choses quand on paie, comme moi, toujours en nature. Ainsi tous les matins, celle qui ne m’a guère gâté sur le plan physique mais m’a bien doté par ailleurs, la Nature, s’éveille en moi, et comme « la nature a horreur du vide » : je mange… des produits naturels bien sûr, rien de plus sain. C’est une seconde nature qui s’impose à moi de nature, cette nature qu’on imite, sans les galets, quand on s’y lâche au naturel pour ceux qui n’en manquent pas. Ainsi va la vie à l’envie mais bien que je ne sois pas d’une nature anxieuse tout ce qui ne m’inquiète pas me porte souci ! Au fait, m’étant mis au golf – tous les coups sont dans la nature ! – je m’interroge club et néanmoins : une petite nature peut-elle éprouver de grands sentiments ? Car il est bien sûr que, aujourd’hui plus encore qu’hier, si « la nature aide le pauvre, la société gâte le riche » comme l’écrivait si justement Alfred Auguste Pilavoine (Les pensées, mélanges et poésies, 1845)
Alors si, naturiste ou naturopathe, vous préférez le rhum naturel aux arômes artificiels, rejoignez-moi. Et si nos natures, que vous l’ayez petite ou riche, s’accordent mal – comme choses qui ne seraient pas de même nature – on ira faire un tour dans la nature, pleine de tours, de forces, de secrets et de science car le sage Sénèque prétendait que « la nature rapproche l’homme de l’homme. » En effet, elle, elle est toujours pleine et heureuse – par nature – quand on y fait un retour pour s’y promener sans commettre de crime contre elle. C’est la force de la nature que d’aucuns voudraient altérer voire changer alors que le mieux à faire c’est de s’y perdre et disparaître. Quoi de plus naturel, hormis mes enfants, bien sûr ?! Oui, faites comme moi : en tout, et pour tout, laissez opérer la nature pour mieux vous y évanouir avec beaucoup de naturel et rappelez-vous, puisqu’en nos temps, tout l’égout sombre dans la nature, les mots de J.-J. Rousseau, l’éternel promeneur solitaire : « La nature a tout fait le mieux qu’il était possible, mais nous voulons faire encore mieux et nous gâtons tout. » (Esprit, maximes et principes, 1764) Et en effet, pour suppléer la Nature, que d’implants, Ma Mère !… Tous les goûts sont dans la mature.
Et pour en finir tout naturellement car, chez moi aussi, l’habitude est une seconde nature : « Fabuleusement vôtre ! »
Christian Satgé