Tig ké Piti-Mouton
Piti-mouton té-ka-lavé
Là dilo klè kou dilo rôch.
Là dilo-Ia tig rivé.
Tig, jou-la, té malagôch
E li té pa jamen pouvé
Trapé viand pou li manjé ;
Li té-fen é li té-kolè.
Li di piti-mouton konsa :
« Gadé ki koté to fika?
To pa wè sa mo lariviè?
Fweng! mo koken, sa poukoufè
To fronté ka lavé la-là?»
Piti-mouton répond : « Chè mèt,
Gadé ki sa pa pouvé-tèt
Ki mo ka-gaté ou dilo,
Pis ki sa ou ki pi laro. »
Tig rélé : « Kawka twè! trèt!
Mankanki!… Mo mèm ké to?
Chonjé sa kont to fè pou mo
La botan di lané dègniè! »
« — Chè met, la botan pasé,
Kouman mo té-wa-pouvé fè,
Dabo tan-la mo té pa né? »
« — Si sa pa to, sa to gran frè! »
« — Mo pa gagnen ! »
« — Sa to manman !
Si sa pa li, sa to gangan ;
Pas mo ben savô, là zôt ras,
Si zôt té guen léspri kou blang,
Zôt té-wa-bay-nou lachas.
Jodi-la sa to mo kontré,
Sa lasou to mo k’é vanjé !
To tandé? »
Là li kouri vit,
Trapé piti mouton ké dan,
Li ralé-li landan gnaman,
Li kayakaya-li touswit.
Sa ka prouvé moun ki pi-fô
Yé pa jamen pouvé guen tô.
Le Tigre et l’Agneau (traduction)
Un agneau se baignait
Dans un ruisseau limpide comme l’eau sortant du rocher.
Un tigre survint près de ce ruisseau.
Ce jour-là il avait été maladroit
Et il n’avait jamais pu
Attraper le moindre gibier pour le dévorer;
Il était affamé, il était furieux.
II dit à l’agneau :
« Sais-tu où tu te trouves?
Ignores-tu que cette rivière est à moi ?
Dis-moi, drôle! comment se fait-il
Que tu aies l’audace de t’y baigner? »
L’agneau répondit : « Cher maître,
Considérez qu’il est impossible
Que je trouble votre eau.
Puisque c’est vous qui êtes au haut du courant. »
Le tigre hurla : « Tais-toi ! traître !
Chétif!… Tu te compares à moi?
Rappelle-toi tous les mensonges que tu as débités sur moi
A la belle saison dernière! »
« — Cher maître ! à la belle saison dernière,
Comment l’aurais-je fait, Puisque je n’étais pas né?»
« — Si ce n’est toi, c’est ton frère aîné ! »
*
« — Je n’en ai point ! »
« — Alors c’est ta mère !
Si ce n’est pas elle, c’est la grand’-mère;
Car, je le sais bien, dans votre race,
Si vous aviez de l’intelligence comme les blancs
Vous nous donneriez la chasse.
Aujourd’hui c’est toi que je tiens,
Et c’est sur toi que je vais me venger!
Tu comprends?»
Alors il s’élança,
Saisit l’agneau avec ses dents,
L’entraîna dans les halliers
Et le mit immédiatement en pièces.
Cela prouve que le plus fort
Ne saurait jamais avoir tort.
Le o ouvert avec accent grave ò , est remplacé par le ô avec accent circonflexe.