Dans tout son jour essayons de montrer
Un autre acte de bienfaisance.
Une dame, à Paris, d’une illustre naissance,
Se faisoit un plaisir, un jour, de délivrer
(Compassion du moins aujourd’hui plus commune)
Vingt de ces malheureux qui par autorité
Sont privés de la liberté
Pour l’être des faveurs de l’aveugle fortune,
Qu’ils éloignent souvent par leur oisiveté :
Mais leur sort n’en est pas moins triste ;
Et leur travail sur-tout peut être intéressant.
Par son ordre bientôt on lui remet la liste :
Au lieu de vingt, elle en contenoit cent.
Alors sur son visage on apperçut quelque ombre
D’émotion : – Eh ! pourquoi donc ce nombre ? –
– Afin que vous puissiez faire un choix à loisir. –
Elle hésite un moment : mais cédant à son zele,
– Qu’on les délivre tous, dit-elle ;
Entre des malheureux je ne sais point choisir. –
Quelles réflexions me reste-t-il à faire ?
A pareils traits que peut-on ajouter ?
Rien ; il faut seulement admirer et se taire,
Et s’il se peut les imiter.
“Trait de bienfaisance”