Jean-Nicolas-Marie Deguerle
Procureur, poète et fabuliste XVIIIº – A M. l’Abbé Guillon
Auteur de la Bibiothèque choisie des pères de l’église et…
Le Jour de Saint Nicolas son patron.
Ah ! que de plaisirs dans la vie,
Avec les enfants du Seigneur !
Combien les saints me font envie !
Combien j’aspire à leur bonheur !
Aimable abbé, pourquoi ta fête
N’est-elle pas tous les lundis ?
En vérité, j’en perds la tête,
Il me semble être en Paradis.
L’ancien Nicolas fut austère,
Il jeûnait tous les vendredis ;
Son Champagne était de l’eau claire,
Ses biscuits étaient du pain bis.
Plus indulgent dans ses pratiques,
Le nôtre en vaut-il moins son prix ?
Je crois d’avance à ses reliques,
Sa table est un vrai Paradis.
Excellent vin, triple service ;
Surtout point de fruit défendu.
Ici l’amour est sans malice,
Bacchus y boit à la vertu.
Buvons, aimons ; la sainte Église,
Pour ce soir, nous permet les ris,
Et même un peu de gourmandise,
En attendant le Paradis.
Ce grand saint, que tu fais revivre.
Par ses écrits fut peu connu ;
Et si jamais il fit un livre,
Le titre au moins en est perdu.
Les tiens vivront dans tous les âges.
Les tiens sont de tous les pays :
Le seul charme de tes ouvrages
Met tes lecteurs en Paradis.
Le pieux évêque de Myre,
Bien que parfois tympanisé,
N’eut point les honneurs du martyre,
Et pourtant fut canonisé.
Comme lui, plein d’ans et de gloire,
Ne nous quitte qu’en beaux habits ;
Crossé, mitré, paré de moire,
Monte un peu tard en Paradis.
Et nous, la béate famille,
Nous, tes enfants en Jésus-Christ,
Garde-nous, quoiqu’on en babille,
Des ruses du malin esprit.
Sans tache, un jour, laissant la terre
Pour l’or des célestes pourpris,*
Nous ferons ton anniversaire
Aux doux banquets du Paradis.
*Enceintes
- Jean-Nicolas-Marie Deguerle – 1766 – 1824