AIR : Écho des bois et des accords champêtres.
Pour quelque temps un frère vous arrive;
Adieu Paris, turbulente cité;
Je viens encor saluer cette rive
Dont les échos raniment ma gaîté.
Chers compagnons de ma rapide enfance,
Auprès de vous que je me réjouis!
Mes bons amis, après dix ans d’absence,
Ah ! qu’il est doux de revoir son pays !
Le troubadour, ainsi que l’hirondelle,
Vers*son doux nid revole avec ardeur;
Dans les Ilots purs d’une source fidèle
Sa poésie a repris sa verdeur.
O mon berceau, de ta riche vallée
Mon cœur est plein, mes yeux sont éblouis.
Je puis bientôt reprendre ma volée :
Ah! Qu’il est doux de revoir son pays!
On me disait : Pour ton âme amoureuse
Naîtront, hélas! Mille déceptions;
Elle n’est plus, la jeunesse rieuse
Oui fut l’objet de tes illusions.
Je le sais trop, les roses sont fanées,
Mais leurs boutons se sont épanouis.
Je crois revivre en mes belles années :
Ah ! qu’il est doux de revoir son pays !
Le plus beau jour a parfois son orage :
Venez à moi, pensers attendrissants;
Ici la mort a signalé sa rage :
Mon luth pieux doit pleurer les absents.
Enfants, vieillards, douloureuse hécatombe,
Sont, pour le ciel, sous la terre enfouis.
Ne fût-ce, au moins, que pour bénir leur tombe,
Ah ! qu’il est doux de revoir son pays!
“Ah ! Qu’il est doux de revoir son Pays !”
- Pierre Lachambeaudie – 1806 – 1872