Commentaires et analyses : “Les Souhaits“de MNS Guillon – 1803.
- Les Souhaits.
(1) Il est au Mogol, Le Mogol, royaume voisin de la Perse et des Indes, est une de ces riches contrées de l’Asie que le génie des Orientaux a peuplées d’Esprits aériens, substances chimériques diversifiées entre elles sous les noms de Péris , de Ginhs ou Gnomes : espèces de fées ou enchanteurs , ou esprits follets. Ces derniers, destinés à des emplois subalternes, sont bien caractérisés par ce qu’en dit La Fontaine.
(2) Les Zéphirs, peuple ami du Démons zéphirs, vents doux, favorables aux plantes et aux fruits. Leurs représentations sont par-tout, dans les conversations comme dans les monumens. Démons, Génies, Larves , tous tous noms sont synonymes dans le langage mythologique, et jusques dans le vocabulaire de Platon, de Maxime de Tyr, de Plutarque et d’Apulée. On connoit les traités composés par ces deux derniers sur le génie de Socrate, ou génie inspirateur de ce philosophe.
(3) Au fond de la Norvège. Pays très – froid , au nord de l’Europe.
(4) Et d’Indou qu’il était, on vous le fait Lappon. C’est-à-dire, que d’habitant des rives du Gange, dont l’Inde est arrosée, il devient habitant des glaces voisines de la Laponie, un des pays les pins septentrionaux de notre hémisphère.
(5) Avant que de partir, l’Esprit dit a ses hâtés. C’est ici que commence la fable. Il y a bien plus de simplicité et d’intérêt dans l’exposition de l’apologue original du quatorzième siècle. « Un vilain ayant été pendant plusieurs jours occupé à guetter un Follet qui, depuis quelque temps, rodoit autour de sa maison, vient enfin à bout de l’attraper. Pour racheter sa liberté, l’Esprit compose avec son homme,’ et lui commande de former, trois sou-haits qu’il se charge d’accomplir».
(6) Cette chevance. Nous avons déjà rencontré ce vieux mot dans la fable de l’Avare qui a perdu son trésor (Liv. IV. fab. 20)» Gilles d’Aurigny, dans son Tuteur d’Amour :
Bon Chevalier, courageux aux alarmes.. . Abandonna terres, biens et chevance.
C’étoit un diminutif de chevissane, qu’on lit au Codicile de Jean de Meun:
Dieu a donné aux miens honneur et chevissance.
(7) Les grands Seigneurs leur empruntèrent. «Comme il glisse cette circonstance avec une apparente naïveté ! » ( Champfort. )
(8) Trésors, fuyez ; et toi, Déesse,
Mère du bon Esprit. On voit bien que La Fontaine parle ici d’abondance de cœur. Horace n’a pas chanté les charmes de la médiocrité avec plus de grâces, et sur-tout avec plus de candeur.