Aquila, Cornix et Testudo
Contra potentes nemo est munitus satis;
Si vero accessit consiliator maleficus,
Vis et nequitia quicquid oppugnant, ruit.
Aquila in sublime sustulit testudinem:
Quæ cum abdidisset cornea corpus domo,
Nec ullo pacto lædi posset condita,
Venit per auras cornix, et propter volans
Opimam sane prædam rapuisti unguibus;
Sed, nisi monstraro quid sit faciendum tibi,
Gravi nequiquam te lassabit pondere.
Promissa parte suadet ut scopulum super
Altis ab astris duram inlidat corticem,
Qua comminuta facile vescatur cibo.
Inducta vafris aquila monitis paruit,
Simul et magistræ large divisit dapem.
Sic tuta quæ Naturæ fuerat munere,
Impar duabus, occidit tristi nece.
L’Aigle, la Corneille et la Tortue
Contre les puissants on n’est jamais assez protégé, nous ne saurions avoir trop de moyens de défense : mais, qu’un méchant leur donne encore des conseils, la force et la malice renversent tout ce qu’elles attaquent.
Un Aigle enlevait en l’air une Tortue, qui, cachée sous sa maison d’écaille, ne courait aucun danger. Une Corneille survint, et, en voltigeant autour de l’Aigle, lui dit : « Vous tenez dans vos serres une proie excellente ; mais si je ne vous montre ce qu’il faut en faire, vous vous fatiguerez inutilement de ce lourd fardeau. » L’Aigle promet une part de la prise la Corneille alors l’engage à laisser tomber du haut des airs la Tortue sur un rocher, pour briser sa dure écaille, il leur sera facile alors de s’en rassasier. L’Aigle, persuadé par de si bons avis, obéit, et partagea ensuite libéralement avec sa conseillère. Ainsi celle que protégeait tant la nature, trop faible contre deux, périt misérablement. (Aquila, Cornix et Testudo)