Phèdre
Poète, fabuliste antiquité
Phèdre affranchi d’Auguste est né en Thrace , il est emmené très jeune comme esclave à Rome . Il vécut de 15 av. J.-C. à 50 apr. J.-C. D’origine grecque, affranchi de l’empereur Auguste, Il écrivit cinq livres de fables.
La vie de Phèdre – Dans ses 132 fables il s’inspira très largement d’ Ésope en mettant en scène des personnages déjà décrits par celui-ci. Il assure qu’il a beaucoup plus inventé qu’il n’a pris.
Malgré son génie, l’œuvre de Phèdre restera pendant très longtemps ignorée et même jamais reconnue par ses contemporains. Il demeura longtemps dans l’oubli jusqu’au 16eme. siècle, où François Pithou fait ressortir ses ouvrages de la bibliothèque Saint-Remi de Reims. Ce fut la renaissance de Phèdre.
Ayant été soupçonné d’avoir fait des allusions politiques dans certaines de ses fables, il sera condamné à l’exil . Jean de La Fontaine et plusieurs autres fabulistes modernes s’inspirèrent largement des écrits de Phèdre.
Lamotte rend hommage à Phèdre : “Rendons-lui toute la justice qu’il mérite. Il a orné avec beaucoup d’art la simplicité d’Ésope. Il attache par une élégance douce, et qu’il contient toujours dans les bornes de sa matière. Mais selon les idées que j’ai données des choses, je lui trouve, plus de politesse que de génie, moins de riant que de gracieux, et plus de naturel que de naïveté.”
La vie de Phèdre par Jules Fleutelot :
« Les siècles, écrivait Sénèque, s’entasseront par-dessus nous comme une eau profonde ; des œuvres du temps présent, quelques-unes à peine se soutiendront à la surface, et se défendront longtemps, destinées a être tôt ou tard oubliées à leur tour.
Phèdre est assurément un des exemples les plus merveilleux de cette lutte opiniâtre. et de la résistance que les monuments littéraires de l’antiquité ont opposée à l’oubli. Longtemps caché sous les flots, il en est sorti tout à coup, au moment où l’un ne se souvenait guère qu’il eût jamais existé; il a même eu quelque peine à se faire reconnaître pour un homme d’autrefois. Peu connu ou dédaigné pendant sa vie, si l’on en juge par le silence des contemporains; mort sans épitaphe, parce qu’il expira probablement dans l’abandon et la misère; nommé, peut-être dans un vers de Martial, désigné brièvement dans une préface d’Avianus sous le règne de Théodose, il disparaît ensuite, mais toutefois sans qu’il soit impossible de retrouver sa trace ; les débris disloqués, tronqués de ses iambes sont ensevelis dans la mauvaise prose d’un mystérieux Romulus, qui prend le titre d’empereur romain, et pour se donner plus de relief, annonce son ouvrage comme une traduction d’Ésope, sans dire un mot de Phèdre, qu’il copie impudemment. Le roi Alfred, vers la fin du IXe. siècle, ou Henri I, au commencement du XIIIe, fait traduire cette compilation en anglais. Au XIIIe. Marie de France traduit la version anglaise, et dans ses rimes, après une double métamorphose, plusieurs traits de l’ancien original subsistent encore. Un archevêque de Tours, Hildebert, mort vers 1135, prend aussi pour thème la prose de Romulus. Versificateur habile, poète spirituel, et surtout à la manière du temps, il figure sous le nom d’Esopus à côté d’Horace et de Virgile parmi les auteurs étudiés dans tes écoles, au XIIIe siècle ; au XIVe, il est traduit en vers français, par un anonyme ; en vers allemands, par Boner ; au XVe, deux traductions des fables de Hildebert sont imprimées en Italie, l’une en prose par le Napolitain Francesco – Fleutelot, Jules
Les fabulistes et Phèdre :
– “Socrate n’est pas le seul qui ait considéré comme sœurs la poésie et nos fables. Phèdre a témoigné qu’il était de ce sentiment , et, par l’excellence de son ouvrage, nous pouvons juger de celui du prince des philosophes.”
– “On ne retrouvera pas ici l’élégance ni l’extrême brièveté qui rendent Phèdre recommandable… Si l’on y veut prendre garde , ou reconnaîtra dans cet auteur le vrai caractère et le vrai génie de Térence. ”
– “Phèdre était si succinct, qu’aucuns l’en ont blâmé, Ésope, en moins de mois, s’est encore exprimé.” Livre III, fable 10.
– “Phèdre a voulu faire un livre . On sent dans sa composition un soin continu d’élégance, et quoiqu’il soit simple et facile , il n’en est ni moins poli ni moins mesuré.
Ésope est un philosophe, et Phèdre un auteur.”
– “Phèdre ne donne guère d’ étendue à ses fables : mais, à tout prendre, il est encore prolixe auprès d’Ésope. Sa brièveté est toujours fleurie : il peint avec «les épithètes convenables, et ses descriptions, renfermées souvent dans un seul mot, ne laissent pas de semer dans sou ouvrage des grâces inconnues à l’inventeur.
– “Après. Esope, le fabuliste qui a eu le plus de réputation, c’est Phèdre, qui à la moralité simple et nue du récit du Phrygien , joignit L’agrément de la poésie. Son élégance, sa pureté, sa précision , sont dignes du siècle d’Auguste.”
– ” Phèdre eut le mérite d’avoir fait le premier connaître aux Romains les fables d’Ésope; non que toutes ses fables soient des traductions de celles du philosophe phrygien; mais les deux tiers, qui paraissent originales, ou dont du moins nous ne connaissons pas les originaux grecs, sont dans la manière d’Ésope. Dans les fables même qui sont imitées du grec, Phèdre a le mérite de l’invention par la façon dont il les a arrangées, et il est un poète aussi original que La Fontaine, qui, comme lui, a pris ailleurs le sujet d’une grande partie de ses fables. Phèdre se distingue par une précision, une grâce et une naïveté qui n’ont pas été surpassées. Sa simplicité est le plus sûr garant de l’authenticité de ses fables, que quelques critiques ont contestée. Sa diction n’en est pas moins élégante, quelquefois même un peu trop recherchée.
– ” Phèdre, qui excite aujourd’hui notre admiration par son exquise élégance et sa concision classique, fut peu connu de son temps.