Inter capellas agno palanti canis
Stulte inquit erras; non est hic mater tua.
Ovesque segregatas ostendit procul.
Non illam quæro quæ cum libitum est concipit,
Dein portat onus ignotum certis mensibus,
Novissime prolapsam effundit sarcinam;
Verum illam quæ me nutrit admoto ubere,
Fraudatque natos lacte ne desit mihi.
Tamen illa est potior quæ te peperit. Non ita.
Beneficium sane magnum natali dedit,
Ut expectarem lanium in horas singulas!
Unde illa scivit niger, an albus nascerer?
Age porro, scisset: quum crearer masculus,
Beneficum magnum sane natali dedit
Ut expectare lanium in horas singulas
Cujus potestas nulla in gignendo fuit,
Cur hac sit potior quæ jacentis miserita est,
Dulcemque sponte præstat benevolentiam?
Facit parentes bonitas, non necessitas.
His demonstrare voluit auctor versibus
Obsistere homines legibus, meritis capi.
Le Chien et l’Agneau
Un Chien entendit bêler un Agneau parmi des chèvres: « Pauvre bête! lui dit-il, tu te trompes, ta mère n’est pas ici; » et il lui montra un troupeau de brebis paissant à l’écart. « Je ne cherche point, répondit l’Agneau, celle qui conçoit quand il lui plaît, qui porte pendant certains mois un fardeau qu’elle ne connaît pas, et s’en débarrasse ensuite en le déposant à terre; mais je cherche celle qui me nourrit en m’offrant ses mamelles, et qui, pour m’élever, dérobe à ses enfants une partie de leur lait. — Cependant tu dois préférer celle qui t’a donné le jour. — Non, certes, répondit l’Agneau; savait-elle seulement si je naîtrais noir ou blanc? et, quand elle l’aurait su, elle ne m’a point rendu un si grand service en me donnant le jour, puisque je suis un bélier, attendant à chaque instant le couteau du boucher. Lorsque ma mère a conçu, sa volonté n’y était pour rien; pourquoi la préférer à celle qui a eu pitié de moi et qui m’accorde bénévolement des soins si touchants? C’est l’affection qui fait la parenté et non la loi de la nature. »
L’auteur a voulu démontrer dans ces vers que les hommes qui résistent aux lois cèdent aux bienfaits. (Canis ad Agnum)