de cane qui noluit latrare
Haut facile est pravis innatum mentibus, ut se
Muneribus dignas suppliciove putent.
Forte canis quondam, nullis latratibus horrens,
Nec patulis primum rictibus ora trahens,
Mollia sed pavidae submittens verbera caudae,
Concitus audaci vulnera dente dabat.
Hunc dominus, ne quem probitas simulata lateret,
Iusserat in rabido gutture ferre nolam.
Faucibus innexis crepitantia subligat aera,
Quae facili motu signa cavenda darent.
Haec tamen ille sibi credebat praemia ferri,
Et similem turbam despiciebat ovans.
Tunc insultantem senior de plebe superbum
Adgreditur tali singula voce monens:
Infelix, quae tanta rapit dementia sensum,
Munera pro meritis si cupis ista dari?
Non hoc virtutis decus ostentatur in aere,
Nequiciae testem sed geris inde sonum.
Le Chien
Ce n’est pas chose facile ni naturelle aux esprits de travers de se rendre compte s’ils ont mérité une récompense ou un châtiment. Un chien avait l’habitude, non pas d’aboyer en hérissant son poil, ni non plus dès l’abord de montrer ses dents dans une gueule large ouverte, mais au contraire de se battre doucement les flancs d’une queue timide. Il arriva que, quelqu’un l’ayant excité, il se mit à lui donner hardiment des coups de dents. Son maître, pour que sa fausse bonhomie ne trompât personne, avait ordonné que cet animal irritable portât au cou une marque qui le fît connaître. Il lui fait donc attacher au moyen d’un collier une sonnette d’airain qui produit un tintement et qui, facilement agitée, doit avertir de prendre garde. Le chien cependant s’imaginait que cet objet lui était donné à titre de récompense et regardait avec mépris la foule de ses semblables en prenant des airs de triomphe. Alors un ancien de la gent canine, apostrophant l’orgueilleux qui les insultait, lui donna en peu de mots cette leçon : « Malheureux ! quelle folle illusion t’ôte le bon sens, si tu veux croire que c’est comme récompense de tes services qu’on te donne cette sonnette ! Ce n’est pas un hommage à ton mérite qu’elle représente; c’est au contraire le témoignage de ta malice que tu portes sur toi avec le son qu’elle rend.