de cicada et formica
Quisquis torpentem passus transisse iuventam,
Nec timuit vitae providus ante mala,
Collectus senio, postquam gravis adfuit aetas,
Heu frustra alterius saepe rogabit opem.
Solibus ereptos hiemi formica labores
Distulit, et brevibus condidit ante cavis.
Verum ubi candentes suscepit terra pruinas
Arvaque sub rigido delituere gelu,
Pigra nimis tantos non aequans corpore nimbos,
In propriis laribus humida grana legit.
Decolor hanc precibus supplex alimenta rogabat,
Quae quondam querulo ruperat arva sono:
Se quoque, maturas cum tunderet area messes,
Cantibus aestivos explicuisse dies.
Parvula tunc ridens sic est affata cicadam;
Nam vitam pariter continuare solent:
Mi quoniam summo substantia parta labore est,
Frigoribus mediis ocia longa traho.
At tibi saltandi nunc ultima tempora restant,
Cantibus est quoniam vita peracta prior.
La Fourmi et la Cigale
Qui laisse s’écouler sa jeunesse dans l’oisiveté sans prévoir et sans craindre à l’avance les malheurs de la vie, une fois accablé par la vieillesse, au temps des années pénibles, ce sera souvent en vain, hélas ! qu’il demandera le secours d’autrui. Une fourmi, en trottinant en été hors de son trou, avait mis en réserve pour les jours d’hiver le produit de son travail et l’avait serré dans ses étroites galeries. Quand la terre eut revêtu son blanc manteau de gelée et que les champs eurent disparu sous une couche de glace durcie, incapable d’affronter de telles intempéries, elle ménageait avec grand soin ses provisions et, sans sortir de chez elle, elle trouvait des grains encore frais. Une cigale toute flétrie vint en la suppliant lui demander quelque nourriture. Naguère elle avait étourdi la campagne de ses cris aigus. Elle avait aussi, disait-elle, quand sur l’aire on battait les épis mûrs, passé les jours d’été à chanter. La petite fourmi se mit à rire et parla à la cigale en ces termes : « N’aimerais-tu pas par hasard à vivre encore de cette manière? Moi, comme à force de travail j’ai amassé des provisions, j’ai au coeur de l’hiver une longue période de repos. Toi au contraire, il te reste à danser jusqu’à la fin de tes jours, puisque tu as passé jusque-là ta vie à chanter.»