Le courant de l’eau entraîna par hasard deux Pots, dont l’un était de terre, et l’autre de fer. Le Pot de terre évitait avec de grandes précautions l’approche et la rencontre du Pot de fer, qui lui dit par une espèce de reproche : ” Qu’appréhendez-vous. Je n’ai nulle envie de vous nuire, ni de vous faire aucun mal. Je le sais bien, répliqua le Pot de terre ; ce n’est nullement votre mauvaise volonté que je redoute ; mais si l’impétuosité de l’eau m’approche de vous, je suis perdu. Voilà pourquoi il vaut mieux que je m’éloigne pour me mettre en sûreté. “
Autre version
” Les Pots” – Un pot de terre et un pot de cuivre étaient emportés par le courant d’une riveté. Le pot de terre dit au pot de cuivre : « Nage loin de moi, pas à mes côtés ; car si tu me touches, je vole en éclats, même si je m’approche de toi sans le vouloir. »
La vie n’est pas sûre pour le pauvre qui a pour voisin un prince rapace.
Esope – VIIe-VIe siècle av. J.-C
Ecclésiastique chapitre 13
Si 13:2- Ne te charge pas d’un lourd fardeau, ne te lie pas à plus fort et plus riche que toi.
Pourquoi mettre le pot de terre avec le pot de fer? S’il le heurte il se brisera.
Le Pot de Fer et le Pot de Terre
Le pot de fer nageait auprès du pot de terre ;
L’un en vaisseau marchand, l’autre en vaisseau de guerre.
L’un n’appréhendait rien, l’autre avait de l’effroi,
Et tous deux savaient bien pourquoi.
Ainsi mal-à-propos petit prince se brise
Aux côtés d’un grand roi.
Ceci vous dit : malheur à qui s’avise
D’approcher de trop près d’un plus puissant que soi.
- Isaac de Benserade – (1612 – 1691)
Le Pot de terre et le Pot de fer
Le Pot de fer proposa
Au Pot de terre un voyage.
Celui-ci s’en excusa,
Disant qu’il ferait que sage
De garder le coin du feu :
Car il lui fallait si peu,
Si peu, que la moindre chose
De son débris serait cause.
Il n’en reviendrait morceau.
Pour vous, dit-il, dont la peau
Est plus dure que la mienne,
Je ne vois rien qui vous tienne.
– Nous vous mettrons à couvert,
Repartit le Pot de fer.
Si quelque matière dure
Vous menace d’aventure,
Entre deux je passerai,
Et du coup vous sauverai.
Cette offre le persuade.
Pot de fer son camarade
Se met droit à ses côtés.
Mes gens s’en vont à trois pieds,
Clopin-clopant comme ils peuvent,
L’un contre l’autre jetés
Au moindre hoquet qu’ils treuvent.
Le Pot de terre en souffre ; il n’eut pas fait cent pas
Que par son compagnon il fut mis en éclats,
Sans qu’il eût lieu de se plaindre.
Ne nous associons qu’avecque nos égaux.
Ou bien il nous faudra craindre
Le destin d’un de ces Pots.
- Jean de la Fontaine – (1621 – 1695)