Ésope
Écrivain grec et fabuliste antiquité – De la Fourmi et de la Colombe
” De la Fourmi et de la Colombe” – Une Fourmi pressée de la soif descendit dans une fontaine, où elle pensa être étouffée, étant entraînée par le courant, sans pouvoir s’en retirer. Une Colombe qui la vit dans l’embarras où elle était, arracha une branche d’arbre qu’elle jeta dans la fontaine. La Fourmi, à l’aide de cette branche, se garantit du malheur dont elle était menacée. Peu de temps après, un Oiseleur tendit des filets pour surprendre la Colombe, qui n’y prenait pas garde. La Fourmi qui connut la mauvaise intention de l’Oiseleur, le mordit à la jambe. La douleur qu’il sentit l’obligea à se retourner et à lâcher son filet. La Colombe qui entendit du bruit, se sauva par ce bon office de la Fourmi.
Autre version
” De la Fourmi et de la Colombe” – Une fourmi pressée par la soif était descendue dans une source et, entraînée par le courant, elle était en train de se noyer. Une colombe, l’ayant aperçue, détacha un rameau d’un arbre et le jeta dans la source ; la fourmi monta dessus, et fut sauvée. Sur ces entrefaites un oiseleur s’avança avec ses gluaux ajustés pour prendre la colombe. La fourmi s’est étant aperçue, mordit le pied de l’oiseleur, qui, sous le coup de la douleur, jeta ses gluaux et fit aussitôt envoler la colombe.
Cette fable montre qu’il faut payer de retour ses bienfaiteurs.
- Ésope – VIIe-VIe siècle av. J.-C
Recognoistre le bien faict
Nous devons estre diligentz
A recognoistre les biens faictz
Qui par les aultres nous sont faictz
C’est la loy et le droict des gentz.
De la Formis et de la Columbe
Une Formis alloit à la fontaine
Ayant grand soif, et, comme elle beuvoit,
Cheut dedans Veaue par fortune soudaine.
Sur la fontaine ung bel arbre y avoit
Et ta Columbe estoit dessus perchée,
Qui la Formis dedans Veaue nager void.
La voyant donc en Veaue si empeschée
Se submergeant, luy jecta une branche
Que de son bec elle avoit arrachée.
Lors la Formis à son pouoir Veaue tranche
Et au rameau se joignit et saulva,
Remerciant une bonté sy franche.
Ung peu aprés l’oiselleur arriva,
Et ses filiez auprès d’illec tendit,
Ses chalumeaux aussi sonner il va.
Et ce pendant qu’à prendre il entendit
Celle Columbe, alors soubdainement
Vint la Formis qui au pied le mordit.
Lors, pour ce mal receu si promptement,
Jecte ses rethz et chalumeaux à terre,
Dont la Columbe eut peur et tremblement.
Pour la frayeur s’en volla à grand erre,
Et la Formis remercia bien fort,
Qui son salut estoit venu acquerre.
Qui secourir aultruy faict son effort
Le delivrant de peril et d’angoisse,
Et puis il tumbe en quelque desconfort,
Cest bien raison qu’après on le cognoisse.
- Gilles Corrozet (1510 – 1568)
La Colombe et la Fourmi
L’autre exemple est tiré d’animaux plus petits.
Le long d’un clair ruisseau buvait une Colombe,
Quand sur l’eau se penchant une Fourmi y tombe.
Et dans cet océan l’on eût vu la Fourmi
S’efforcer, mais en vain, de regagner la rive.
La Colombe aussitôt usa de charité :
Un brin d’herbe dans l’eau par elle étant jeté,
Ce fut un promontoire où la Fourmi arrive.
Elle se sauve ; et là-dessus
Passe un certain Croquant qui marchait les pieds nus.
Ce Croquant, par hasard, avait une arbalète.
Dès qu’il voit l’Oiseau de Vénus
Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête.
Tandis qu’à le tuer mon Villageois s’apprête,
La Fourmi le pique au talon.
Le Vilain retourne la tête :
La Colombe l’entend, part, et tire de long.
Le soupé du Croquant avec elle s’envole :
Point de Pigeon pour une obole
- Jean de la Fontaine – 1621 – 1695
La Colombe et la Fourmi
La colombe qui s’égayait
Au bord d’une fontaine où l’onde était fort belle,
Vit se démener auprès d’elle ,
Une fourmi qui se noyait.
Sensible à son malheur, mais encor plus active
A lui prêter secours par quelque bon moyen,
Elle cueille un brin d’herbe, et l’ajuste si bien,
Que la fourmi l’attrape et regagne la rive.
Quand elle fut hors de danger.
Sur le mur le plus près la colombe s’envole.
Un manant à pieds nus. qui la vit s’y ranger,
Fait d’abord vœu de la manger,
Et ne croit pas son vœu frivole.
Assuré de l’arc qu’il portait,
De sa flèche la plus fidèle
Il’allait lui donner une atteinte mortelle ;
Mais la fourmi qui le guettait,
Voyant sa bienfaitrice en cet état réduite,
Le mord si rudement au pié,
Que se croyant estropié
Il fait un si grand bruit, que l’oiseau prend la fuite.
Par la faible fourmi ce service rendu
A la colombe bienfaisante,
Est une preuve suffisante
Qu’un bienfait n’est jamais perdu.
- Boursault Edmé – (1688 – 1701)