Porter patiemment les injures
On endure bien doulcement
Injure de son adversaire
Quand on sçait veritablement
Qu’il est coustumier de ce faire.
De la Perdrix et des Coqs
Quelque laboureur acheta
Une Perdrix pour son plaisir,
Dedans son hostel la porta,
Et toute nuict la feit gesir
Avec les Coqs au poulailler,
Lesquelz la vindrent travailler,
Et de leurs becqs la picquoterent,
De leur fiente l’infecterent,
Dont la Perdrix plainct et lamente,
Pensant que ce soit la manière
Que, pource qu’elle est estrangere,
On la batte ainsi et tourmente.
Ceste Perdrix, ung peu apres,
Veid ces Coqs qui s’entrechatoient ;
L’ung de l’aultre approchoient si prés
Que des ongles et becqs joustoient.
« Je n’ay (dict elle) de merveille
S’ainsi on me fasche et traveille,
Veu que ces Coqs d’une nature
Ont entr’eulx une guerre dure. »
L’injure à porter est facile
Du maulvais et l’injurieux,
Qui d’une coustume incivile
Est à tous ainsi furieux.
“De la Perdrix et des Coqs”
- Gilles Corrozet 1510 – 1568