Une Poule ayant rencontré un monceau de blé, se mit à crier de toute sa force, pour appeller ses Petits & pour leur faire par de cette découverte. Ils y accoururent tout aussi-tôt , & commencèrent à écarter le grain avec leurs piez. La Poule voyant leur sottise, leur demanda pourquoi ils profitoient si mal d’une si belle occasion, & pourquoi ils dispersoient de la sorte tout le grain qu’ils avoient devant eux. Ma mère, lui répondit l’un des Poussins, nous suivons vôtre exemple, & nous pratiquons en cela les leçons que vous nous avez montrées plusieurs fois.
faut pratiquer ce que l’on enseigne. Ce qui est en cela de facheux, c’est que l’on a toujours plus de penchant a suivre les mauvais exemples que les bons, à cause de la corruption de la nature. Ce n’est pas une excuse légitime pour se justifier, de dire que l’on fait ce que l’on a vu faire aux autres. S’il est louable de les imiter quand ils font bien, & qu’ils pratiquent la Vertu , il n’est nullement permis de les imiter quand ils font mal. La réponse que fit à la Poule l’un de ses Poussins, qu’ils éparpilloient le grain à son exemple et doit apprendre aux pères & aux mères à ne jamais rien faire devant leurs enfans, que ce qu’ils veulent qu’ils imitent. Ils doivent se cacher avec de grandes précautions, quand ils veulent faire quelque choie qui seroit capable de blesser leur imagination encore tendre. Ces exemples font de grandes impressions sur leurs esprits, & sont cause souvent qu’ils se jettent dans de grands desordres
Quand tu blâmes quelqu’un, ton soin doit être extrême, A voir si tes défauts ne parlent point pour lui. On a tort de vouloir condamner en autrui Ce qu’on se pardonne à soit même.
“De la poule et de ses poussins”