De testudine et aquila
Pennatis avibus quondam testudo locuta est,
Si quis eam uolucrum constituisset humi,
Protinus e rubris conchis proferret harenis,
Quis precium nitido cortice bacca daret;
Indignum, sibimet tardo quod sedula gressu
Nil ageret, toto perficeretque die.
Ast ubi promissis aquilam fallacbus implet,
Experta est similem perfida lingua fidem;
Et male mercatis dum quaerit sidera pennis,
Occidit infelix alitis ungue fero.
Tunc quoque, sublimis, cum iam moreretur in auras
Ingemuit votis haec licuisse suis;
Nam dedit exosae post haec documenta quieti
Non sine supremo magna labore peti.
Sic quicumque nova sublatus laude tumescit,
Dat merito poenas, dum meliora cupit.
L’Aigle et la Tortue
Un jour, la tortue dit aux oiseaux rapides que, si l’un d’eux voulait aller la déposer sur les bords sablonneux de la mer Rouge, aussitôt elle en tirerait des coquillages et qu’une perle d’une enveloppe brillante serait la récompense de ce service. Elle s’indignait en pensant que, malgré son activité, la lenteur de sa marche l’empêchait de rien faire et d’obtenir aucun résultat après tout un jour d’efforts. Mais après avoir comblé l’aigle de promesses trompeuses, elle trouva chez l’oiseau une perfidie égale à celle de ses discours. Tandis que, avec l’aide mal acquise des ailes de l’aigle, elle cherchait à s’élever jusqu’aux astres, elle périt misérablement sous la serre cruelle de l’oiseau. Alors, au haut des airs, sur le point d’expirer, elle fit entendre dans le ciel des gémissements en déplorant le succès de ses vœux. Son exemple enseigne à qui s’ennuie d’une vie tranquille qu’on n’échappe pas aux pires des maux, quand on recherche les grandeurs. C’est ainsi que tous ceux qui, au souffle d’une gloire naissante, se gonflent d’orgueil, sont justement châtiés de leur ambition toujours croissante.