Ce mot vient de fable, mot fait avec le mot latin fabula, conte, récit ; fabula dérive du mot fari, parler.
Ce mot fabula a passé dans presque toutes les langues de l’Europe moderne. Les Anglais, les Allemands et les Français en ont tiré le mot fable, qui leur est commun; les Italiens favola; les Espagnol fabla, synonyme du mot fabula, qui est aussi chez ces deux peuples un mot de la langue nationale.
Fable, dans le sens primitif, a la même signification que conte; mais l’usage a donné à ces deux mots des valeurs très distinctes. Le conte est un récit inventé dans le but de divertir; et quand par hasard le conte est moral, on a grand soin de l’annoncer par le titre, ce qui prouve que le conte moral est une exception dans le genre. La fable, au contraire, est un récit fait dans l’intention d’instruire. La fable doit offrir une moralité : celles qui s’écartent de cette règle rentrent dans la classe des contes.
Le mot fabuliste fut, dit-on, créé par La Fontaine. Tout porte à le croire. A l’époque où ses Fables parurent, fabuliste n’était pas un mot en usage; il ne se trouve ni dans la première édition du Dictionnaire de l’Académie de 1684, ni dans la seconde de 1718; c’est dans celle de 1740 qu’il a été admis pour la première fois.
Si La Fontaine a inventé le mot fabuliste, qui s’applique à tout compositeur de fables, il a fait inventer le mot fablier, qui ne s’applique qu’à lui. Le fabuliste fabrique des fables; le fablier en produit.
Ce n’est pas en composant une fable, mais une collection de fables, qu’on a droit au nom de fabuliste; d’après cela je n’ai pas hésité de désigner Ésope et Phèdre comme les premiers fabulistes de l’antiquité, quoiqu’il y ait évidemment des fables plus anciennes que les leurs.
Définition du mot “fabuliste”